Depuis l’Antiquité, la sorcellerie n’a jamais cessé de faire parler d’elle et de ses rituels de magie maléfiques. Qui n’a jamais entendu l’histoire du procès des sorcières de Salem par exemple ? La pratique de la sorcellerie fait peur autant qu’elle fascine.
Ésotérisme ? Surnaturel ? Cet art occulte regorge de mystères, de légendes et de superstition, mais de nos jours, même les grandes marques de produits de beauté cherchent à se rapprocher de son identification.
Et c’est au XVIe siècle, lors de la Renaissance, que les procès de sorcellerie se multiplient. Les arguments n’ont pas beaucoup évolué au fil des siècles : on accuse toujours les sorciers et sorcières de perpétrer des pratiques magiques anciennes, désormais jugées païennes et hérétiques, pouvant même nuire.
Cette chasse à la sorcière se poursuivra au XVIIe siècle, pourtant nommé « Siècle de la Raison ». Il faudra patienter jusqu’au XVIIIe siècle, celui des Lumières, pour que cet acharnement commence à diminuer. Plus la population s’instruit, plus la peur du Malin régresse. À la cour de Versailles, les pratiques de sorcellerie sont devenues un amusement, une distraction. Ce sont les charlatans maintenant que l’on traîne en procès et au fond des prisons.
Durant le XIXe siècle, le Clergé monte en puissance. On aurait pu croire que la chasse aux sorcières allait reprendre, mais il n’en est rien. Les prêtres se focalisent plutôt sur l’exorcisme pour guérir les cas de possession satanique qui prolifère à l’époque.
De nos jours, la vision de la sorcellerie et les pratiques qui en découlent ont su évoluer avec leur temps. On distingue pourtant toujours la « bonne sorcière » de la « mauvaise sorcière ».
Comment devenir sorcier ?
Il est possible d’acquérir des compétences grâce à un pacte avec le Diable lui-même ou un Démon aux pouvoirs occultes. Sinon, et dans la majorité des cas, elles se transmettent par filiation ou par l’étude de grimoires (une sorte de Livre des Ombres). Ces derniers permettent aux non-initiés d’apprendre plus facilement tous les secrets de la discipline et de la spiritualité, avant de signer un pacte pour utiliser leurs nouveaux pouvoirs de sorcellerie.
Le XVIIe siècle présente d’ailleurs les deux ouvrages principaux sur ce sujet :
- « la Clavicule de Salomon », issue d’un livre du XIe siècle ;
- et le « Grimoire de Pape Honorius ».
Tous deux décrivent précisément tout ce qu’il y a à savoir pour invoquer un démon et passer un pacte, tout en énumérant quels sont les accessoires, instruments et autres pentacles pour y parvenir.


Le Malleus Maleficarum : manuel ultime de la chasse aux sorcières
Deux inquisiteurs dominicains, Heinrich Kramer et Jacob Sprenger, publient à Strasbourg en 1486 un manuel intitulé « Malleus Maleficarum », le Marteau des Sorcières en français. Cet ouvrage a pour but d’apprendre à combattre les démons. Il est destiné aux inquisiteurs et magistrats de l’époque qui participent à l’éradication de la sorcellerie et de ses grandes sorcières. Ce manuel sera responsable à lui seul de la mort de dizaines de milliers de personnes soupçonnées de pratiquer la sorcellerie, nécromancie ou autres rites.
Le procès des sorcières de Salem
Cette affaire des sorcières de Salem, au XVIIe siècle, a marqué à jamais l’histoire de cette Nouvelle-Angleterre puritaine.
Qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête des administrés de ce village du Massachusetts ? Ce qui est sûr, c’est qu’en 1691, Salem a été le théâtre de phénomènes étranges. Plusieurs jeunes filles sont victimes de convulsions, de crises de panique ou de discours totalement incohérents. Elles apparaissent aux yeux de leurs proches comme possédées, envoûtées par les forces du Mal. L’atmosphère change dans le village et la suspicion fait son œuvre : Satan serait-il responsable de ce qu’il se passe ?
Plus le temps passe et plus le nombre de jeunes filles présentant des comportements étranges augmente. Les autorités ne savent plus quoi faire et en février 1692, les premiers mandats d’arrêt pour accusation de sorcellerie sont délivrés. Croyant être libérées, certaines confirment leurs pratiques occultes, alors que d’autres ne reconnaîtront jamais l’hérésie.

Mais de plus en plus de villages proches de Salem souffrent de cet ensorcellement. Le monde des sorciers se serait-il retourné contre cette région pour lui jeter un sort ?
Le gouverneur William Phips décide en tout cas de frapper un grand coup. Il ne souhaite pas que les puissances occultes l’emportent. Pour cela, il met en place une cour spéciale de six magistrats. Ces derniers devront juger chaque accusé de sorcellerie de Salem. Vingt personnes seront condamnées entre juin et septembre 1962. Parmi elles, dix-neuf seront exécutées par pendaison ou sur un bûcher sur la non moins célèbre « Colline des Sorcières ».
Moins de six mois plus tard, la cour spéciale instaurée par le gouverneur Phips fut dissoute. Dans la foulée, les procès en sorcellerie sont interdits dans la colonie. On obligera même certains magistrats à présenter leurs excuses aux accusés à tort d’actes de sorcellerie.
Ce passage de l’histoire américaine restera à jamais une tache indélébile dans leurs parchemins.
La sorcière et sa représentation aujourd’hui
Finalement, est-ce que les femmes que l’on appelait « sorcière » n’étaient pas juste des femmes indépendantes ? La violence envers ces personnes peut évoquer celle que subissent nos féministes contemporaines.
Depuis les années 60, certaines d’entre elles tentent de se réapproprier l’image de la sorcière. Par exemple, le mouvement Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell, soit l’acronyme de « sorcière », WITCH en anglais. Leurs membres ont d’ailleurs défilé à Wall Street en demandant l’effondrement de la bourse. Leur vœu fut exaucé quelques jours plus tard… Envoûtement ? Sortilèges ? Force Wicca ? Occultisme ? Ou simplement une coïncidence ?
Dans des proportions plus larges, l’image de la « bonne » sorcière a peu à peu envahi la pop culture (Charmed, Sabrina l’apprentie sorcière, etc.). Sans parler de l’incontournable Harry Potter, de J.K. Rowling, qui a propulsé tout son univers et sa magie en premier plan pour longtemps.
N’oublions pas les marques de cosmétique qui prônent la puissance des rituels de beauté ! Les ingrédients de leurs potions laissent également peu de place au doute : cire d’abeille, bave d’escargot, etc. Cela n’est pas sans rappeler les recettes à base de Belladone par exemple, qu’utilisaient certaines accusées à tort. Même les livres de développement personnel vous encouragent à vivre en accord avec la lune.
Tout cet univers magique n’est pas près de disparaître. Le sabbat des sorcières continue de se transmettre.
